By Nolan Kowal, Sport Performance Specialist

Thomas Steen se souviendra toujours à quel point la marée blanche a fouetté le moral des troupes lors de la première ronde des séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey, en 1987. Les Jets affrontent alors les Flames de Calgary et sont de retour à domicile après deux victoires lors de matchs sur la route.

 

Dès qu’ils donnent leur premier coup de patin à l’aréna de Winnipeg, ils sont salués par une salve d’applaudissements émanant d’une foule toute de blanc vêtue.

 

« On a été totalement pris par surprise! », se rappelle Thomas Steen, un attaquant des Jets de 1981 à 1985. « Je ne pense pas que quiconque aurait pu prévoir l’effet que ça a eu sur l’équipe. On avait déjà vu auparavant la mer rouge des Flames de Calgary, mais là, c’était différent. Rien n’équivaut à la marée blanche! L’énergie que la foule nous transmet ainsi est tout simplement incroyable : on pourrait patiner des heures sans jamais se fatiguer! »

 

Emplis de cette énergie, les Jets décrochent la victoire dans la série de quatre de sept à la suite du sixième match. La tradition de la marée blanche est née.

 

La marée blanche est semblable au mouvement de la mer rouge initiée par les partisans des Flames de Calgary, qui se parent des couleurs de leur équipe pour lui montrer son soutien.

 

Les Jets jonglaient depuis quelque temps avec l’idée de demander aux partisans de se vêtir de blanc, bleu et rouge. C’est à moment qu’ils invitent Rod Palson à leur partager ses idées. Directeur artistique de l’agence Palmer Jarvis Communications, M. Palson y est également le responsable du compte des Jets.

 

L’idée d’encourager les partisans des Jets à porter du blanc lui vient lors d’une visite des Flames à Winnipeg.

 

« On a choisi le blanc parce que les gens peuvent participer facilement. Tout le monde a un chandail blanc qu’il peut simplement enfiler avant le match! », témoigne M. Palson.

 

Palmer Jarvis publie alors une annonce dans le journal, invitant les partisans à se présenter au premier match de la série éliminatoire en portant du blanc.

 

« On a également écrit et produit une chanson qu’on a fait jouer à la radio locale pour exciter les ardeurs », raconte M. Palson.

 

Présent au fameux match, il a pu constater de visu la réussite de son initiative.

 

« Quand j’ai vu qu’autant de gens avaient répondu aussi rapidement à l’appel, j’ai su que c’était gagné », ajoute-t-il.

 

Les Jets jouent cinq autres matchs dans les séries éliminatoires sous les vivats de la marée blanche avant que l’équipe ne soit relocalisée à Phœnix en 1996.

 

Ils reviennent à Winnipeg en 2011 et prennent part à leur première série éliminatoire depuis leur retour en sol canadien en 2015.

La marée blanche y redevient une tradition bien ancrée, mais prend des proportions inouïes en 2018, lorsque les Jets participent à la finale de la conférence de l’Ouest, mais concèdent leur défaite contre les Golden Knights de Vegas.

 

Lors des neuf matchs auxquels ont pris part les Jets lors des éliminatoires de 2018, True North Sports and Entertainment et Economic Development Winnipeg ont organisé au même moment des fêtes dans les rues avoisinantes au Bell MTS Place.

 

Près de 5 500 personnes ont ainsi pu assister au premier match de première ronde des Jets contre le Wild du Minnesota. Au deuxième match, ce nombre a augmenté à 10 000 et au troisième, à 15 000.

 

« On devait constamment s’ajuster, parce qu’il y avait toujours plus de gens qui voulaient participer et nous n’avions pas assez de places. On a donc repensé l’activité pour accueillir le plus de gens de Winnipeg et du Manitoba possible », raconte Jason Smith de Smith Events, qui a aidé à planifier ces visionnements collectifs.

 

La « fête de rue de la marée blanche » la plus populaire a attiré plus de 20 000 partisans, que se sont alors rassemblés pour encourager leur équipe lors du sixième match de la deuxième ronde contre les Predators de Nashville.

 

De même, alors que le premier match est diffusé sur deux larges écrans, on doit rapidement en ajouter pour accommoder la foule sans cesse croissante de partisans.

 

« Vers la moitié des séries, on avait réquisitionné tous les écrans à l’échelle locale, et nous avions même un gigantesque écran que nous avions trouvé à Edmonton, » se rappelle M. Smith.

 

On estime que plus de 120 500 participants ont participé aux neuf fêtes de rues de la marée blanche en 2018.