By Nolan Kowal, Sport Performance Specialist

Couronnant sa carrière avec brio, Joanne Mucz-Vergara remporte cinq médailles d’or, décroche cinq records mondiaux et porte le drapeau du Canada lors de la cérémonie de fermeture de sa dernière grande compétition, les Jeux paralympiques d’été de 1992, à Barcelone.

 

« J’ai disputé une incroyable rencontre de natation et vécu une expérience fantastique, sans compter que mon équipe a souligné ma victoire en me nommant porteuse de drapeau, annonce-t-elle. Ces compétitions sont riches en émotions. Chaque fois que je suis montée sur le podium dans un autre pays, et que l’hymne national du Canada s’est fait entendre, un nouveau souvenir s’est gravé dans ma mémoire. »

 

Amputée des deux jambes au-dessous des genoux à la naissance, Joanne Mucz-Vergara prend tout de même part à de nombreux sports dans sa jeunesse, y compris le volleyball, le badminton, la balle molle, les claquettes et la danse ukrainienne.

 

Elle commence la natation à trois ans grâce à un programme mère-enfant de YMCA‑YWCA.

 

« Je voulais simplement trouver mon chez-moi, et la natation m’a complètement accrochée », dit-elle.

 

Âgée de seulement neuf ans, la Winnipegoise se lance dans la nage de compétition avec l’équipe Manta Swim.

 

« Quand je me suis inscrite dans ma première équipe de natation, je rejoignais ma meilleure amie, qui en faisait déjà partie, ajoute-t-elle. C’est elle qui m’a fait connaître l’équipe, mais dès que j’ai commencé la compétition, j’ai adoré les entraînements. »

 

« Je me suis rendu compte que j’étais plus compétitive que je le pensais. Pour ce sport, je n’avais pas besoin de courir, ou de sauter. Je pouvais compenser l’absence de mes jambes avec le haut de mon corps. J’ai réalisé que j’étais compétitive et que j’adorais ça. »

 

Joanne Mucz-Vergara prend alors part à des compétitions traditionnelles avec Manta Swim au cours de l’année scolaire et à des jeux internationaux durant l’été.

 

« J’ai participé à des compétitions toute l’année, pendant des années », mentionne la diplômée du Kildonan-East Collegiate.

 

Alors âgée de seulement 12 ans, Joanne Mucz-Vergara participe à ses premiers Jeux paralympiques, à New York, en 1984. À l’époque, la compétition s’appelle Jeux olympiques pour handicapés physiques.

« Je n’ai pas accompli de grands exploits à cette compétition, mais c’est là que ma carrière a été lancée, parce que j’ai pu constater ce que ça impliquait tout ça. C’était un grand motivateur, dit-elle. Tous les athlètes doivent se servir d’une compétition importante pour apaiser leurs tensions, pour moi, c’était cette compétition. »

 

Joanne Mucz-Vergara remporte trois médailles aux Jeux paralympiques d’été de 1988, à Séoul, les premiers Jeux paralympiques organisés au même endroit que les Jeux olympiques.

 

« Je les appelle, mon ensemble olympique, mentionne-t-elle. J’ai remporté l’or, l’argent et le bronze à ces Jeux. »

 

Dès la fin de la compétition, Joanne Mucz-Vergara se concentre sur les prochains Jeux paralympiques, à Barcelone, en Espagne.

 

« C’était le summum pour moi, j’y ai donné mon 100 pour cent », dit-elle, en parlant des Jeux paralympiques de 1992. « Mon expérience aux Jeux de 1988 était incroyable et tellement fantastique, mais, honnêtement, je me suis concentrée sur la suite dès qu’ils ont été terminés. J’étais loin d’être satisfaite. J’étais amoureuse du sport et de la compétition. J’allais y consacrer les quatre prochaines années, et ce, sans la moindre hésitation. »

 

Joanne Mucz-Vergara prend part à des compétitions réservées aux personnes handicapées aux Jeux paralympiques de 1984 et de 1988, mais elle participe également à bien d’autres événements des Jeux paralympiques de 1992.

À Barcelone, elle participe à des épreuves de catégorie S9, sauf pour la brasse, où elle s’est classée à titre de SB8. Les épreuves de natation se classaient entre S1‑S10 (SB1-SB9 pour la brasse). Plus le chiffre est bas, plus les athlètes ont une limitation d’activité élevée.

 

« Dans toutes mes années de compétition, je n’ai jamais eu de compétiteurs exactement comme moi, mentionne-t-elle. C’est pourquoi ce système est si intéressant, c’est plaisant de voir la place que l’on a dans le monde pour les gens comme nous. »

 

Joanne Mucz-Vergara adopte la posture modifiée du sprinteur pour commencer ses courses.

 

« L’une de mes jambes est beaucoup plus forte que l’autre, et elle peut soutenir plus de poids, dit-elle. J’utilisais ma jambe la plus forte pour prendre mon élan à partir du bloc, un peu comme les coureurs de piste. »

 

Elle mentionne aussi que ses départs n’étaient pas généralement rapides, et qu’elle préférait les courses de longue distance.

 

« Dans les sprints, le plongeon et les virages ont une grande influence sur les temps, indique-t-elle. Plus j’avais de distance à parcourir, plus j’avais de chance de me rattraper, de prendre la tête et de garder une bonne avance. Les courses de grande distance nécessitent plus d’endurance et une meilleure technique. C’était à mon avantage, bien plus que le plongeon et les virages. J’avais tendance à être à égalité avec mes adversaires dans les plongeons. J’étais même parfois à la traîne. Je n’excellais pas sur le bloc. »

 

Elle mentionne aussi qu’elle était meilleure dans les piscines olympiques (50 m) que dans les petits bassins (25 mètres).

 

« Beaucoup de compétitions internationales sont tenues dans des piscines olympiques, alors c’était à mon avantage, puisqu’il faut faire moins de virages », indique-t-elle.

 

Joanne Mucz-Vergara est nommée l’athlète féminine de l’année du Manitoba par la Manitoba Sportswriters and Sportscasters Association en 1986, en 1987 et en 1992. Elle est intronisée au Canadian Disability Hall of Fame (connu auparavant sous le nom du Terry Fox Hall of Fame) et au Cercle d’excellence de Natation Canada.

 

« La natation a changé ma vie, mentionne-t-elle. Elle a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui, et j’y serai à jamais redevable. »