By Nolan Kowal, Sport Performance Specialist

Lorsque Bailey Bram et Jocelyne Larocque ont patiné lors des Jeux olympiques de 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud, toute la ville était derrière elles pour les encourager.

Avant les Jeux olympiques, les gens s’étaient réunis à la bibliothèque de Sainte-Anne, au Manitoba, pour signer deux drapeaux canadiens qu’ils ont envoyés à chaque joueuse à Pyeongchang.

« On a reçu une tonne de messages de jeunes filles, pour nous souhaiter bonne chance, nous dire qu’elles aimeraient être comme nous plus tard ou encore que nous étions leur modèle, se remémore Bailey Bram. C’était spécial d’avoir une partie de notre ville avec nous ici et de savoir qu’il y avait toutes ces personnes derrière moi pour m’accompagner dans cette aventure. »

« À ce moment, j’ai réalisé qu’il ne s’agissait pas seulement de mon aventure ou même de notre aventure, à Jocelyne et à moi, aux Olympiques. Toute notre ville vivait l’aventure avec nous ».

Les citoyens de Sainte-Anne, une ville d’environ 2 100 habitants d’où sont originaires plusieurs joueuses de hockey parmi les meilleures au monde, ont plusieurs raisons d’être fiers.

Jocelyne Larocque et Bailey Bram ont grandi en jouant au hockey avec des garçons à Sainte-Anne. Jocelyne Larocque a représenté le Canada aux sept championnats mondiaux de 2011 à 2019 (il n’y avait pas de compétition durant l’année des Olympiques), et a remporté une médaille d’or, cinq médailles d’argent et une de bronze. De son côté, Bailey Bram a remporté une médaille d’or et quatre médailles d’argent lors de cinq championnats mondiaux entre 2012 et 2017.

En décembre 2017, environ deux mois avant le début du tournoi olympique, le Canada a reçu l’équipe américaine au Bell MTS Place à Winnipeg pour un match d’exhibition. Selon le père de Bailey Bram, Bill Bram, près de 200 personnes de Sainte-Anne s’y trouvaient pour encourager sa fille et sa coéquipière.

 

« Il y avait une section entière où tout ce qu’on pouvait voir était des chandails des Aces », se rappelle-t-il, en faisant référence à l’équipe locale des Aces de Sainte-Anne.

Les deux athlètes, qui sont également des amies proches, sont rentrées à la maison après les Jeux olympiques de 2018 avec une médaille d’argent après que le Canada a perdu 3 à 2 en tirs de barrage contre les États-Unis lors du match pour la médaille d’or.

« Ma mère gardait Jocelyne lorsqu’elle était plus jeune, explique Bailey Bram. Je pense que je la connais depuis que j’ai cinq ans. Elle est comme une sœur pour moi ».

Jocelyne Larocque a fait partie de l’équipe canadienne qui a remporté la médaille d’or lors des Jeux olympiques de Sotchi, en Russie, en 2014. Tirant de l’arrière contre les États-Unis 2-0 lors de la finale, les Canadiennes ont finalement marqué avec 3:26 à faire en troisième période. Marie-Philip Poulin a égalé la marque avec 55 secondes à faire et a aussi marqué en prolongation, procurant ainsi la victoire des Canadiennes par la marque finale de 3-2.

« C’était probablement mon meilleur match à vie », déclare Jocelyne Larocque, qui a une mention d’assistance pour le premier but du Canada.

Jocelyne Larocque, pour qui c’était la toute première participation aux Jeux olympiques, a marqué le premier but du tournoi du Canada en trouvant le fond du filet à 1:25 dans une victoire de 5-0 contre la Suisse.

« J’étais très surprise parce que je ne marque pas beaucoup de buts, explique la défenseuse. J’ai seulement vu une ouverture dans le filet et j’ai effectué un tir. Je ne pensais pas marquer. En fait, je n’ai même pas vu la rondelle franchir la ligne. Tout le monde disait que j’avais marqué. »

En 2014, elle a été couronnée athlète féminine de l’année du Manitoba par l’Association des journalistes et commentateurs sportifs du Manitoba.

Alors qu’elle était en 10e année, elle patinait pour les Scorpions du Collège Lorette Collegiate, devenant ainsi la première fille à jouer dans une ligne de hockey d’une école secondaire à Winnipeg. La saison suivante (2004-2005), elle a remporté le championnat de la Western Women’s Hockey League (WWHL) avec l’équipe Oval X-Treme de Calgary. Cette équipe comptait dans ses rangs plusieurs joueuses de l’équipe nationale, incluant les joueuses étoiles Hayley Wickenheiser, Danielle Goyette et Cassie Campbell.

« C’était comme si je n’avais jamais joué au hockey avant tellement elles étaient bonnes, déclare-t-elle. J’essayais juste d’en apprendre le plus possible ».

Elle remporte de nouveau le titre de la WWHL avec Calgary en 2006 et 2007.

Elle a remporté le titre national de la NCAA en tant que membre de l’équipe des Bulldogs de l’Université de Minnesota-Duluth en 2008 et 2010.

Trois joueuses originaires de Sainte-Anne, représentant trois universités différentes, ont compétitionné lors du tournoi NCAA Frozen Four en 2009. La cousine de Jocelyne Larocque, Mélanie Gagnon, jouait pour les Golden Gophers de l’Université du Minnesota tandis que Bailey Bram patinait pour les Lakers de l’Université Mercyhurst. Les Lakers ont remporté la demi-finale nationale contre les Gophers avant de perdre en finale contre les Wisconsin Badgers, qui avait gagné l’autre demi-finale contre les Bulldogs de Jocelyne Larocque.

La dernière année de Bailey Bram à l’Université Mercyhurst (2011-12) correspond à la première année de sa sœur, Shelby, à cette même université. Elles ont d’ailleurs joué sur le même alignement.

« Pouvoir compter sur sa présence lors de ma première année a été très spécial et l’université occupe une place spéciale dans mon cœur », déclare Shelby Bram.

Elles ont évolué sur la même ligne lors de la Coupe Meco, en 2012. Les joueuses de Sainte-Anne Jocelyne Larocque, Mélanie Gagnon et les deux sœurs Bram ont toutes été sacrées championnes du tournoi international des moins de 22 ans, connu maintenant sous le nom de la Coupe des nations.

« Le simple fait de porter le chandail du Canada aux côtés de ma sœur et de ma meilleure amie, il n’y a rien de plus magique que cela, déclare Bailey Bram. C’est un moment que je vais chérir à jamais. »

Shelby Bram suit les traces de sa sœur en jouant la saison 2016-2017 dans la ligne de hockey féminine de Suède, trois ans après que Bailey ait compétitionné dans cette ligue. Elle s’envole pour la Suède après avoir joué pour les Buffalo Beauts durant la saison inaugurale 2015-2016 de la Ligne nationale de hockey féminin, une ligue professionnelle.

Bailey Bram joue pour les Inferno de Calgary et remporte la Coupe Clarkson en 2016 à titre de championne canadienne de la ligne de hockey féminine du Canada. Quant à Jocelyne Larocque, elle remporte ce titre deux années plus tard avec les Markham Thunder. Elle passe la majeure partie de 2017-2018 à s’entraîner et à compétitionner pour l’équipe olympique canadienne avant de revenir avec les Thunder et de les aider à remporter la coupe Clarkson.

« Elles ont gardé ma place au vestiaire avec mon nom et tout le reste », déclare-t-elle.

Sa sœur, Chantal Larocque, a été son modèle. Chantal, tout comme Mélanie Gagnon, a représenté le Manitoba lors des Jeux d’hiver du Canada de 2003. En 2005, elle aide les Bisons de l’Université du Manitoba à se qualifier pour le championnat interuniversitaire canadien pour la première fois de l’histoire du programme, en remportant une médaille de bronze. Lorsque les Bisons ont remporté la médaille de bronze lors du tournoi national de 2008, elle était l’auteure du but gagnant.

Les sœurs Bram, les sœurs Larocque et Mélanie Gagnon ont passé d’innombrables heures lorsqu’elles étaient plus jeunes à jouer sur une patinoire que Bill Bram avait construite sur le terrain familial.

« Je me souviens qu’il montait les panneaux, explique Jocelyne Laroque. Il ne s’agissait pas d’une patinoire extérieure traditionnelle. Elle avait définitivement beaucoup de style. Chaque fois qu’on passait par là, il y avait toujours quelqu’un sur la glace, que ce soit un seul jeune ou une dizaine. »

Shelby Bram souligne qu’il était difficile de convaincre les enfants de partir.

« Mes parents devaient toujours nous appeler pour rentrer à la maison lorsqu’il se faisait tard ou qu’il était temps de souper, se souvient-elle. Nous rentrions à la maison avec nos patins, mangions notre souper, puis on retournait sur la glace. »

Bill Bram a été entraîneur pour l’équipe Eastman Selects qui a remporté le championnat provincial midget AAA en 2018. La gardienne de but partante de l’équipe, Raygan Kirk, de Sainte-Anne, est nommée joueuse la plus utile du tournoi lors du match où le Canada a remporté l’or au tournoi mondial des moins de 18 ans au Japon, en 2019.

Raygan Kirk a joué sa première saison à l’Université Robert Morris de Pittsburgh en 2019-2020. Elle a eu la chance de voir jouer Jocelyne Larocque en Pennsylvanie en 2019 lorsque le Canada a joué un match d’exhibition contre les États-Unis.

« C’est quelqu’un que j’ai regardé jouer et à qui je voulais ressembler, dit-elle. Tout comme les sœurs Bram. Je me souviens de Bailey et Shelby qui venaient donner des conférences à mon école, et je les admirais. Elles sont une inspiration et maintenant, je suis en quelque sorte leurs traces. »